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L’architecture et l’urbanisme du Diois sont marqués par leur environnement géologique mais aussi économique, ils ont également subis les influences extérieures et furent marqués par les hommes qui ont bâtis nos maisons.

Alors que la tendance actuelle est à la rénovation de façade en mettant à jour les  murs en pierre, il n'en a pas toujours été ainsi !

Les murs des maisons d'habitations étaient"destiné à être enduit pour protéger la maçonnerie et éviter notamment que les pierres gélives ne s'effritent."

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On le voit très bien sur ce pignon de façade "signé" de A. HUGON et daté du 27 juillet 1902. On notera également que le maçon qui interviendra plus d'un demi siècle plus tard afin de surélever la toiture prendra soin de préserver ce témoignage du passé.

Afin d’appuyer ces éléments, nous avons choisi de vous présenter ici un extrait de la collection "Histoires de territoires - Patrimoines du Diois", créée par la Conservation Départementale du Patrimoine et co-réalisée par le CAUE de la Drôme. (dans la mesure du possible les illustrations sont  celles réalisées par nos soins au sein du village de Saint Sauveur).

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... et plus particulièrement, le chapitre relatif aux matériaux de construction qui marquent profondément la physionomie du village.

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​Extrait :

"LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION

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Les faibles moyens économiques des habitants du Diois expliquent en grande partie la modestie des matériaux de construction utilisés. Issus jusqu'au XIXe siècle des alentours immédiats du chantier, ils ont produit des bâtisses parfaitement en harmonie avec le paysage environnant (textures, couleurs...).

La médiocre qualité des pierres du sous-sol, récupérées en grande majorité dans les champs où affleurent des bancs de rochers, Induit un gros œuvre à l'apparence rustique. Rarement appareillé et destiné à être enduit pour protéger la maçonnerie et éviter notamment que les pierres gélives ne s'effritent. Les moellons de calcaire de formes et de tailles diverses sont sélectionnés et grossièrement ébauchés (-1). Ils sont montés en deux parements extérieurs hourdés (*) par un mortier de chaux et de sable (de rivière ou de carrière) entre lesquels un blocage de "tout-venant" (tuilots, plairas, petites pierres) est coulé. Ce type de montage nécessite une certaine épaisseur qui permet une Isolation thermique par inertie. Quelques boutisses (pierres longues) traversent le mur de part en part pour assurer sa cohésion. Plus rarement et principalement dans la vallée de la Drôme, des galets directement Issus du lit des cours d'eau peuvent aussi être intégrés dans la maçonnerie quand les pierres viennent à manquer. Ils sont plus résistants mais plus difficiles à mettre en œuvre de par leur forme ovoïde.

Les chaînes d'angles, harpées en moellons dressés, sont constituées des meilleures pierres choisies pour leur taille, l’homogénéité du matériau et sa solidité.

Des voûtes (en berceau ou en arêtes avec un piller central) viennent couvrir les caves semi-enterrées ou des passages de ruelles de part en part de la bâtisse. Leur poussée ainsi que celle de la pente, peuvent être reprises par des contreforts extérieurs qui renforcent le caractère massif des maçonneries.

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Un léger fruit du parement extérieur vient souvent simplement compenser les poussées obliques de la toiture. Parfois des tirants sont ajoutés ultérieurement. La principale caractéristique de ces maçonneries de pierre et de chaux est sa souplesse et sa capacité à accepter le tassement et les déformations.

Des escaliers maçonnés, accolés à la façade desservent le premier niveau par un palier ou une terrasse extérieure, parfois abritée d'un auvent soutenu par un piller en pierre ou en bols (-3), Un garde-corps en fer forgé ou maçonné accompagne cet escalier selon sa hauteur. De nombreux murs et murets matérialisent les clôtures ou soutiennent la terre des champs. Leur facture est en général soignée, même lorsqu'elle est simple : chaînes d'angles barbacanes permettant le ruissellement des eaux de pluie, chaperon en grosses pierres...

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A l'instar de la maçonnerie, les charpentes sont elles aussi rudimentaires ce qui s'explique certainement par la pauvreté de la population, mais aussi par l'absence d'essences adaptées et la surexploitation des forêts jusqu'au XIX' siècle (-5).

Les troncs, à peine équarris, sont utilisés pour les pannes qui reposent directement sur la maçonnerie (murs pignons et refends intermédiaires) sans ferme charpentée. Ceci induit une limitation des portées et donc des surfaces de toiture, ainsi qu'une simplicité des volumes (deux pans), non chaînés par la charpente.

Plusieurs matériaux de toiture coexistent -parfois dans le même hameau -témoignant des différentes influences régionales qui s'exercent sur ce territoire, et formant un camaïeu Intéressant de couleurs et de textures. La tuile canal romaine reste majoritaire (-6), induisant des toits aux pentes relativement faibles mais on peut voir aussi des tuiles écailles du Dauphiné ou des ardoises des Alpes du Sud couvrant les maisons de type "montagnard" en altitude (dans le bassin du Bez et à Lus-la-Croix- Haute). Les toits de chaume ont été abandonnés (problème d'entretien et risque d'incendie) et les pentes de toiture ont alors été reprises permettant une hauteur plus importante sous les rampants des combles. Au XIXe siècle, les tuiles mécaniques industrielles ont fait leur apparition.

Les débords de toits qui protègent les façades du ruissellement des eaux sont constituées du simple prolongement des chevrons ou de leur camouflage par des génoises (*) à plusieurs rangs dont le nombre témoigne de la richesse du propriétaire. Ces dernières ont l'avantage d'être plus résistantes au feu et de constituer une barrière efficace face aux rongeurs attirés par les fenils. Dans le val de Quint et le bassin de Die, la génoise est remplacée par une lauze en débord. Parfois la toiture se décolle de la maçonnerie pour former un auvent plus ou moins Important qui abrite la porte d'entrée, un passage entre deux bâtiments, les récoltes ou le matériel agricole.

La forme, la taille et le traitement des percements de la façade Indiquent l'usage des pièces qu'ils desservent ou éclairent.

La plupart du temps, les piédroits et les linteaux des portes et des fenêtres des pièces d'habitation sont en pierre (moellons dressés ou taillés). Les linteaux sont monolithes, droits ou cintrés mais rarement sculptés. Une petite ouverture superposée, un arc ou une décharge en bâtière les allègent de leur charge. SI pour des raisons fonctionnelles les piédroits des portes de granges sont en général en pierre les linteaux des percements de ces locaux de service (caves. remises. granges .. .) sont presque toujours en bois parfois cintrés pour assurer une plus longue portée (-1).

Des encadrements en briques et en pierre de taille importée sont également présents depuis le XIX' siècle à proximité des grands axes de communication.

Les fenêtres plus hautes que larges ont des menuiseries en bois à double vantaux disposées en retrait du nu extérieur de la façade et redécoupées en trois carreaux vitrés superposés. L'appui discret n'est Pas débordant. Les volets et les portes des pièces utilitaires sont en panneaux pleins à lames contrariées et témoignent de la rudesse du climat. Ils coulissent parfois sur un rail suspendu. Les portes d'entrées ont elles aussi des panneaux pleins parfois cloutés ou sculptés (-2).

Au dernier niveau, les petites ouvertures qui éclairent et ventilent les combles sont carrées ovales ou en losange encadrées de pierre, de briques ou de bois (-3). Les pigeonniers ont un ou plusieurs trous de forme elle aussi variable avec parfois un appui débordant en lauze (-4). A Glandage et Lus-la-Croix- Haute lucarnes et "chiens-assis" sont ménagés dans les toitures à forte pente et surmontés d'une poulie permettent le chargement direct du foin dans les combles.

Dans les villages où les façades participent à la matérialisation et à l'animation de l'espace public de la rue -et où les moyens financiers sont parfois un peu plus élevés -un certain soin est lisible : les façades sont enduites (afin de les protéger de l'humidité et du gel) par un mélange de mortier de sable et de chaux qui permet une respiration de la maçonnerie et une évacuation de l'humidité. Ces matériaux issus du sous-sol ont des tons clairs (beiges, ocres, gris .. .) qui se marient avec les pierres en partie apparentes sous les enduits bruts (beurrés ou à têtes vues). Les variations de texture de teinte, de forme et de mise en œuvre amènent une richesse dans la simplicité, même sur les façades des hameaux où l'on ne remarque pas en général de recherche particulière (taille et disposition des ouvertures répondent simplement aux besoins fonctionnels).

C'est au XIXe siècle avec la révolution industrielle et le développement économique des bourgs que s'est amplifié le souci bourgeois des « apparences » la volonté d'affirmer sa richesse se traduisant par un véritable décor des façades.

Des moulures ou des décors peints en badigeon sur l'enduit, permettent de souligner la modénature de la façade (chaines d'angles. encadrements des ouvertures, corniches, couronnement...) ou créent des trompe-l'œil (volet, pierre de taille. fenêtre. motif géométrique .. .). Outre la diversité de l'architecture, la palette des textures et des teintes des enduits apporte une vraie gaieté aux rues dont l'alignement et le gabarit sont beaucoup plus formalisés à partir de cette époque."

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